Pétrole : l’Amérique prête à augmenter sa production

 Production pétrole schiste Colorado.

Production de pétrole de schiste au Colorado.

Le rebond du baril offre des perspectives aux acteurs du pétrole de schiste. Ils ont considérablement réduit leurs coûts de production depuis la crise.

« Ils ont voulu nous mettre dehors, mais ça n’a pas marché. Nous sommes encore plus forts qu’avant ! ». Au lendemain de l’accord entre les pays de l’OPEP conclu fin novembre, Harold Hamm n’a pas eu le triomphe modeste. Et pour cause : en quelques heures, le fondateur de Continental Resources, pionnier du pétrole de schiste américain, s’est enrichi de 3 milliards de dollars supplémentaires, le titre de son groupe ayant gagné 23%.

Dans la guerre entre les cheiks et le schiste, le schiste a marqué un point !

En acceptant de réduire leur production , les pays de l’OPEP ont en effet allégé la pression sur les prix du brut , et redonné des perspectives de croissance aux producteurs américains de pétrole de schiste épuisés par deux ans de crise. « Dans la guerre entre les cheiks et le schiste , le schiste a marqué un point ! », s’est amusé Michael Cohen, de Barclays. Depuis, la remontée des cours à plus de 50 dollars incitent les banques à rouvrir les robinets du crédit, après deux ans de régime sec. Selon les analystes de Raymond James, les producteurs américains devraient augmenter leurs investissements de 30% en 2017.

Aux Etats-Unis, l’effondrement des prix du pétrole, divisés par trois en moins de deux ans, a provoqué l’une des crises les plus violentes que l’industrie ait connue. Entraînant des dizaines de milliers de suppressions de postes et des faillites en série, elle a fait disparaître plus d’une centaine de producteurs nord-américains, et contraint les autres à réduire leur production. Les plus solides ont dû serrer les coûts, négocier avec les banques, et mettre des puits en sommeil.

Des coûts de forage diminués de 30 à 40%

En forçant l’industrie à se restructurer, la crise a permis aux producteurs encore debout d’abaisser considérablement leur point mort. Grâce aux progrès technologiques, les coûts de forage ont été diminués de 30 à 40% . Dans certaines régions, les puits qui n’étaient rentables qu’à près de 70 dollars le baril il y a deux ans, le sont désormais à 40 dollars, voire moins. Et le rebond des prix amorcé cet été est venu apporter de l’air frais, permettant d’accélérer le processus de désendettement. A New York, le prix du baril de WTI livré en février avoisinait les 54 dollars cette semaine. Un niveau qu’il n’avait plus atteint depuis juillet 2015.

Résultat : une partie de l’industrie est aujourd’hui prête pour la reprise. Plus réactifs que les majors, les producteurs indépendants sont les plus à mêmes d’en profiter. Selon Baker Hughes, 21 machines à forer ont été installées au cours des dix premiers jours de décembre, portant leur total à près de 500. Un record depuis janvier, bien qu’il reste encore loin des 1.600 machines en activité en 2014.

Des situations variées

La situation varie toutefois d’une région à l’autre. « Dans le Permian (l’ouest du Texas), où les coûts d’exploitation sont faibles, la production peut repartir rapidement, estime Ryan Druman, analyste chez Wood Mackenzie. C’est là que les producteurs se sont, les premiers, positionnés pour la reprise. Cette région sera la plus active du pays en 2017 ». D’après lui, les puits peuvent se remettre à fonctionner en trois ou quatre mois, et la production américaine pourrait croître de 25% l’an prochain, si les prix s’installent durablement au-dessus des 50 dollars. S’ils atteignent les 60 dollars, la production de pétrole de schiste, environ 4,5 millions de barils par jour aujourd’hui, pourrait bondir de 500.000 barils par jour selon JP Morgan.

Lorsque les prix ont baissé, il a fallu un an pour que l’industrie réduise sa production

D’autres se montrent plus prudents et s’attendent à une phase d’inertie. « Lorsque les prix ont baissé, il a fallu un an pour que l’industrie réduise sa production, explique Michael Cohen. Cela va être la même chose dans l’autre sens. C’est un paquebot qui ne bouge pas très vite ». Il juge peu probable que la production retrouve ses niveaux de 2015 dès l’année prochaine.

Les récents à-coups incitent aussi à la prudence. « La clé ici c’est de ne pas inonder le marché avec notre production, sans quoi les prix vont à nouveau s’effondrer, et ce ne sera bon pour personne », a prévenu Harold Hamm. Pour lui, il ne fait aucun doute que le pays a la capacité de plus que doubler sa production, à 20 millions de barils par jour.

 

 

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